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L'ère du dégel

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Alors qu’au Sud certains se questionnent encore sur son ampleur, au Nord, le réchauffement s’accélère. Il fait plus chaud que jamais dans l’Arctique: septembre 2015 battait par exemple septembre 2014 de 1,3 degré C. Cela inquiète d’autant plus qu’on apprenait récemment que le glacier géant de Zachariae Isstrøm, dans le nord-est du Groenland, fond en accéléré depuis 2012.

« La fonte de la calotte polaire, celle des glaciers de montagne et l’effet thermique contribuent pour un tiers chacun à la remontée des eaux océaniques », explique Michel Lamothe, professeur au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM.

Le niveau des eaux a certes subi un bon nombre de variations dans le passé, liées à la variation du volume des glaces. Mais de nos jours, il ne reste plus beaucoup d’inter-glaciers —des glaciers de modestes tailles reliant de plus gros— et l’expert en géologie du quaternaire et glaciation s’alarme également de la fonte des glaciers des montagnes dont le volume devrait disparaître d’ici un siècle.

Les Andes et le Groenland présentent des masses de glace instables fort sensibles aux changements de la température. « On ne peut qu’imaginer ce qui pourrait se passer si un tiers de la calotte du Groenland disparaissait », souligne le chercheur.

L’Arctique sentinelle

Ce dégel s’observe déjà en Arctique. «La banquise fond plus tôt au printemps et se forme plus tardivement en automne», relève Marcel Babin, directeur de Takuvik. Ce programme de recherche étudie les écosystèmes océaniques et terrestres arctiques pour comprendre l'impact des changements climatiques et de l'industrialisation.

Le chercheur observe une plus grande réponse de l’Arctique aux changements climatiques: on le voit par l’étendue et le volume de sa glace. L’hiver, la banquise s’étend en moyenne sur 14 millions de km2 contre 5 millions de km2 en été. En septembre dernier toutefois, cette banquise a terminé l’été loin sous la moyenne, avec seulement 4,41 millions de km2 en septembre 2015. Le record appartient encore à la fin de l’été 2012 avec 3,41 millions de km2. Par contre, les neuf plus faibles étendues de glace à la fin de l’été depuis 1981 correspondent aux neuf dernières années.

Les glaciologues ont constaté depuis plusieurs années que la banquise se révèle moins résiliente que prévu au changement. «La surface des eaux libres est plus sombre et absorbe davantage l’énergie solaire. Ce phénomène accélère la fonte», explique Marcel Babin qui s’attend à ce que la floraison du phytoplancton s’intensifie en écho à cet ensoleillement. Une manne pour la faune nordique mais pas forcément une bonne nouvelle pour la planète.

La montée des eaux

Michel Lamothe s’intéresse aussi aux paramètres du passé parce qu’ils pourraient permettre d’appréhender l’avenir de ce nouveau dégel. Le niveau marin a fluctué depuis 125 000 ans, période de la dernière déglaciation. Dans le passé, alors que la température moyenne s’était hissée de 2 à 4 degrés plus haut, le niveau des eaux avait grimpé jusqu'à 5 à 6 mètres.

Aujourd’hui, une hausse aura d’inévitables conséquences sur les humains. On connaît déjà la crainte des habitants du Pacifique de voir leurs îles disparaître, l’érosion un peu partout, des villes déjà aux prises avec de plus violentes tempêtes —et même, plus prosaïquement, une remontée des eaux salées dans les rivières.

« Il faut aussi voir comment cette montée des eaux sera distribuée le long de la croûte terrestre, explique Michel Lamothe. Leur impact sera plus important en Floride, où la croûte s’enfonce, qu’au grand Nord où elle remonte par effet de compensation ».


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